Le désormais ancien président de la république du Niger s’est prononcé sur le fait qu’il avait respecté les dispositions de la constitution du pays en se retirant à la fin de ses deux mandats. Il a ensuite confié que plusieurs chefs d’Etat lui avaient conseillé de rester au pouvoir.
Dans un entretien avec l’Opinion à Niamey, Mahamadou Issoufou est revenu sur ce qui taraude les esprits depuis un bon moment, sa décision de respecter la constitution du Niger et de se retirer de la tête du pays alors même que ses voisins et pairs d’Afrique briguent des mandats supplémentaires en tripatouillant leur loi fondamentale. « Mon comportement est lié à mes convictions », a-t-il déclaré.
« L’Afrique n’a pas besoin d’homme providentiel. Elle n’a ni besoin de dictature ni d’anarchie. La meilleure façon d’éviter ces écueils est d’avoir des institutions fortes et non pas des hommes forts, comme l’a expliqué Barack Obama. Ces institutions démocratiques doivent fonctionner quel que soit le dirigeant à leur tête », a indiqué l’ancien président du Niger.
Une autre raison non moins importante
Le politique nigérien a également évoqué une autre raison qui l’a poussé à ne pas étendre son mandat au-delà de ce qui était prévu dans le pays. « L’autre objectif est la modernisation de la politique et sa détribalisation », a indiqué Issoufou. « Souvent, les hommes politiques africains tombent dans le piège, en instrumentalisant leur communauté. Au moment des élections, cela donne lieu à des affrontements intercommunautaires. Il faut en sortir comme nous sommes en train de le faire au Niger.», a-t-il indiqué.
Mahamadou Issoufou ajoute que « le nouveau président appartient à une minorité arabe. C’est un message fort envoyé aux autres peuples d’Afrique. Un projet présidentiel doit être érigé sur un socle de valeurs, dans le sens de l’intérêt général. C’est ma vision, celle de mon parti et celle du président Bazoum. J’espère que cette alternance va réussir et fera tache d’huile en Afrique. Car si ce modèle échoue, les vieux modèles persisteront ».
L’homme a souligné le fait que cette décision de sortir par la grande porte n’a pas été facile à maintenir en piste car il y a eu des pressions pour tenter de lui faire renoncer à quitter le pouvoir. Dans son entretien Issoufou a clairement indiqué que « des chefs d’Etat m’ont conseillé de rester. Des partisans m’ont aussi demandé de faire un troisième mandat en organisant des manifestations. Ils ont été interpellés par la police ».